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Funèbre Léthargie

Funèbre Léthargie
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8 juin 2010

Useless in Hell.

Plus le temps passe et moins j'ai envie ou besoin d'être en contact avec les autres. C'est comme si je me contentais largement de lui et de ma propre personne. Une personne que j'aime et pour qui je serais capable de tout, et une autre, moi, qui m'encombre et m'ennuie, dont je ne sais absolument pas quoi faire. Des fois j'en viens à me demander pourquoi je fais ce genre d'études, qu'est-ce qui me fait avancer dans la vie, pourquoi je suis devenue si aigrie , pourquoi tout m'emmerde et pourquoi j'ai tellement de haine à déverser.

Je lutte contre moi-même, je me bats pour des causes que les autres n'approuvent pas, je suis éternellement la timide, la bizarre, l'incomprise. Je ne fais pas exprès de l'être, je ne fais pas semblant non plus. C'est devenu un jeu malsain, un ennemi imbattable. Devoir défendre mes idées m'ennuie parce que ce n'est jamais suffisant pour les autres, ils sont toujours si avides de questions et moi si avare de réponses. Ça n'a jamais été amusant d'agir différemment et ça l'a à présent encore moins parce que je ne le maîtrise plus.

Parfois, j'ai cette tendance à penser que je pourrais me simplifier la vie et puis, l'instant d'après, cette question qui revient sans cesse : pourquoi ? Après tout, oui, pourquoi faire ? Est-ce que j'ai vraiment envie de me fondre dans la masse ? Est-ce que j'ai vraiment envie d'aller à l'encontre de mes principes juste pour plaire à la majorité ? Est-ce que j'ai envie de cesser d'être moi ?

D'une façon un peu inespérée, j'ai trouvé la seule personne qui est capable de comprendre ça. Pourquoi nos chemins se sont croisés ? Parce que c'était inévitable. Ça devait se passer de cette manière, on est liés depuis toujours et on l'ignorait. Comment ça serait de vivre sans lui ? Est-ce que je serais devenue quelqu'un que je n'avais pas envie de devenir ? Est-ce que ma propre image ne me conviendrait pas ? Est-ce que je serais façonnée à leur image parce que je n'aurais pas eu le choix ?

J'ai perdu tout espoir et c'est ça la liberté. Se réveiller un matin en se disant qu'on n'est dépendant de personne, que la seule personne au monde qu'on aime de toutes ses forces sera toujours là et qu'elle n'est pas une dépendance mais un bout de soi. Et puis prendre conscience qu'on ne doit rien à personne, pas même un sourire, pas même un mot maladroit. Rien.

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30 mars 2010

FUNAMBULE

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J’avais cette impression de le voir à chaque coin de rue, comme un fantôme qui rôde et qu’on ne fait qu’apercevoir de très loin, le tout en étant à peine certain de ce qu’on a vu. Ça serait impensable de parler de ça, à qui que ce soit s’entend, même si c’est une personne proche de nous, il y a des choses qu’on ne dit pas. Alors j’ai toujours voulu cacher ça parce que je pensais que c’était véritablement la meilleure chose à faire. De toute façon, j’avais tellement l’impression qu’il était présent à chacun de mes gestes, les plus infimes soient-ils, que finalement, j’avais appris à vivre avec lui, même s’il n’était plus là. La phrase résonne bizarrement et l’écrire est encore plus improbable, c’est dire à quel point il serait aberrant de la prononcer. On ne dit pas ça, même le soir, quand on est seule chez soi, il ne le faut pas.


Et puis, un matin, je me suis réveillée plus tôt que d’habitude, j’avais décidé depuis des années que si je me réveillais même une heure avant celle prévue initialement, c’était inutile de me rendormir. Il y avait forcément une raison ou, du moins, ça me permettrait de faire plus de choses ce jour-là. Ce matin-là, il était environ six heures treize -je ne sais pas pourquoi, on se réveille toujours à des heures improbables- et il pleuvait beaucoup trop dehors. Je me souviens avoir soupiré inutilement en traînant mes pieds jusqu’à la cuisine, juste après avoir noué un peignoir moelleux et confortable, qui allait bientôt cruellement me manquer quand je franchirai le seuil de la porte de mon immeuble. J’avais décidé de me préparer un café bouillant et bien corsé, c’était ma définition d’un bon début de journée. Après une bonne heure à flâner et feuilleter le journal de la veille, je m’étais résignée à enfiler les premières fringues que j’avais trouvées (un jean délavé qui datait de plusieurs années, une chemise blanche à laquelle il manquait les deux derniers boutons et des boots en cuir dont le talon était usé), tenté de me coiffer (sans succès) et j’avais négligemment zippé mon blouson en faux cuir. J’écoutais Scar Tissue et j’avais allumé une cigarette, la première de la journée étant la plus importante selon moi.

Une fois encore, la rame de métro était bondée, même aux aurores, même quand je n’étais pas en retard. Finalement, je commençais à regretter de m’être levée aussi tôt pour rester bloquée entre des tas de gens qui sentaient trop fort le parfum bon marché. J’avais emmené le premier bouquin sur lequel mes yeux s’étaient posés la veille au soir : La nuit de l'oracle. On m’avait tellement parlé de ce livre qu’il fallait vraiment que je me fasse un avis. Lequel était toujours mitigé, même après avoir dépassé le seuil des cent pages. Alors même que je m’attendais à devoir pousser tout le monde pour m’extraire de mon siège, je me rendais compte que le monde entier n’existait plus. Tout à coup, il n’y avait plus que moi ; c’était à la fois irréel et à la fois transcendant. Peut-être aussi que j’avais toujours voulu vivre de cette façon et que c’était enfin en train de se produire, là, sous mes yeux. En tout cas, je n’avais plus peur de rien, sauf du vide, de cet étrange sentiment d’infini étouffant.

Ce matin-là, peut-être bien que j’avais bousculé des dizaines de personnes, peut-être aussi qu’ils m’avaient insultée et menacée mais ça m’était bien égal, je vivais enfin pour moi. Personne n’avait le droit de me retirer ça, du moins pas tant que je l’aurais décidé, pas tant que j’aurais enfin compris qu’il était temps de reprendre contact avec la réalité. Pendant des minutes qui m’avaient semblé être des heures, j’avais vogué bien au-dessus de tout le monde, j’avais oublié de penser à l’autre. Presque au sens propre du terme, je m’étais envolée. Comme j’aurais aimé savoir ce qu’ils pensaient de mon absence, comme j’aurais être en dehors de mon corps pour saisir toute l’intensité de ce moment. Juste pour cette fois, je n’existais plus que pour moi, j’étais véritablement seule au monde. Et aussi libre de tout qu’enfermée dans ce monde qui n’appartenait qu’à moi et dont je dépendais tellement.

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