Useless in Hell.
Plus le temps passe et moins j'ai envie ou besoin d'être en contact avec les autres. C'est comme si je me contentais largement de lui et de ma propre personne. Une personne que j'aime et pour qui je serais capable de tout, et une autre, moi, qui m'encombre et m'ennuie, dont je ne sais absolument pas quoi faire. Des fois j'en viens à me demander pourquoi je fais ce genre d'études, qu'est-ce qui me fait avancer dans la vie, pourquoi je suis devenue si aigrie , pourquoi tout m'emmerde et pourquoi j'ai tellement de haine à déverser.
Je lutte contre moi-même, je me bats pour des causes que les autres n'approuvent pas, je suis éternellement la timide, la bizarre, l'incomprise. Je ne fais pas exprès de l'être, je ne fais pas semblant non plus. C'est devenu un jeu malsain, un ennemi imbattable. Devoir défendre mes idées m'ennuie parce que ce n'est jamais suffisant pour les autres, ils sont toujours si avides de questions et moi si avare de réponses. Ça n'a jamais été amusant d'agir différemment et ça l'a à présent encore moins parce que je ne le maîtrise plus.
Parfois, j'ai cette tendance à penser que je pourrais me simplifier la vie et puis, l'instant d'après, cette question qui revient sans cesse : pourquoi ? Après tout, oui, pourquoi faire ? Est-ce que j'ai vraiment envie de me fondre dans la masse ? Est-ce que j'ai vraiment envie d'aller à l'encontre de mes principes juste pour plaire à la majorité ? Est-ce que j'ai envie de cesser d'être moi ?
D'une façon un peu inespérée, j'ai trouvé la seule personne qui est capable de comprendre ça. Pourquoi nos chemins se sont croisés ? Parce que c'était inévitable. Ça devait se passer de cette manière, on est liés depuis toujours et on l'ignorait. Comment ça serait de vivre sans lui ? Est-ce que je serais devenue quelqu'un que je n'avais pas envie de devenir ? Est-ce que ma propre image ne me conviendrait pas ? Est-ce que je serais façonnée à leur image parce que je n'aurais pas eu le choix ?
J'ai perdu tout espoir et c'est ça la liberté. Se réveiller un matin en se disant qu'on n'est dépendant de personne, que la seule personne au monde qu'on aime de toutes ses forces sera toujours là et qu'elle n'est pas une dépendance mais un bout de soi. Et puis prendre conscience qu'on ne doit rien à personne, pas même un sourire, pas même un mot maladroit. Rien.